lundi 2 mai 2011

25/1/11 San Francisco: au contact de la "diversité".

Aujourd'hui lundi, poursuite de notre exploration de San Francisco.


Pour ceux qui connaissent nous avons sillonné, essentiellement à pied et en bus, pendant 7 heures: Castro, Mission, Soma, Downtown.

Sans esprit préconçu, nous nous sommes retrouvés au contact de la diversité et de la multiplicité. Certes la communauté Gay de Castro, mais surtout ensuite ce quartier, à première vue très déshérité de Mission. Occupé encore il y a 20 ans par une population homogène de mexicains, il s'est retrouvé "envahi" par gangs, drogues, prostitution. Aujourd'hui toutes les populations, toutes les cultures se côtoient, entre saleté, laissé aller, nonchalance et ces oeuvres de cet "art" de la rue.


elles sont peintes, nous dit-on, par des artistes qui vivent dans le quartier

et ce musée ouvert, s'étend sur plusieurs rues






certes l'on peut ajouter des façades pour dissimuler ce "laisser aller"

Nous serons en permanence en question: pourquoi cette saleté? ce laisser aller qui se marque dans les lieux et sur les personnes?  est-elle liée à des cultures? à des situations de vie? à des choix ou même des stratégies d'occupation d'un espace. Effectivement nous précisera-t-on cette situation dégradée permet des prix bas des logements et de la vie, restaurants à prix imbattables.  Si,comme on a pu le voir dans d'autres secteurs, il y a réhabilitation, les plus "nantis", viennent dans ce nouveau quartier 'branché". La population actuelle, ne peut plus faire face à l'augmentation des coûts et doit partir. Cette saleté, image que j'avance avec prudence, est-elle ce signe d'occupation du "chien" qui pisse pour marquer son territoire.

Un autre éclairage nous viendra par cette "Camerounaise". Elle nous dépasse et s'adresse à nous en français, dans un français parfait. Néee au Cameroun, dans la pauvreté (et non la misère), tous les matins, elle se levait, s'habillait, bellement, se lavait les dents, (rituels de base) et pieds nus partait à l'école pour apprendre le français. Colonialisme? Néocoloniasme? Pour avoir été prof à Madagascar pendant 2 ans, ayant enseigné le français et l'histoire de France, je ne peux faire une condamnation rapide de ce colonialisme! souhaité, même exigé, contre mon propre sentiment,  par mes élèves eux mêmes. Leur projet, comme pour cette camerounaise, partir en France. Effectivement avec une bourse elle poursuivra ses études. Au delà de la France, le rêve de l'Amérique où elle vit maintenant depuis 5 ans. Elle a appris l'anglais qu'elle maîtrise très bien et poursuit des études d'infirmière. Une carrière d'abord et ensuite des enfants et une famille. Elle nous précisera que pour les Afro Américains, elle est Africaine (ne pas confondre) , c'est dès la puberté, un enfant et vivre des subsides de San Francisco. Contrairement à ce qui est souvent dit, il y a ici ces aides qui sont au mini de $650 par mois.

Dès que nous remonterons vers Downtown, la cité des gratte ciel, des finances, nous trouverons à Soma des parcs aménagés, esthétiques, la "réhabilitation" et une population plus "affinée", tout en étant diversifiée.




Que faire avec cette diversité qui apparemment ici, se côtoie et pourtant est très séparée en quartiers et par strates de niveaux de vie?  Nous verrons cet homme entrer dans ce jardin, venant d'un monde autre: il restera longuement en arrêt. Sur le pas de la porte. Après un moment d'hésitation, il ira précautionneusement s'asseoir, comme s'il craignait une remontrance. Il se posera, au bord d'un band, juste à la périphérie. Combien n'entreront jamais dans un musée ou un restaurant plus huppé. Comme le dit le manager de notre lieu de vie, argentin d'origine, élevé à NY, maintenant ici, les Hispaniques et les Afro américains on leur fait sentir qu'ils ne peuvent réussir. Il faut se forcer pour aller, de l'avant. Chance peut-être. Car d'un côté ou de l'autre il faut y aller. L'humain n'est jamais donné, il se construit.

Alors cette diversité? cela me fait penser à cette distinction introduite par notre philosophe Michel Serres: Tiers exclu, Tiers inclu. Cet autre, ce "tiers", est-ce que je le laisse exclu ou est-ce que je l'inclus pour ainsi élargir mon âme par cette différence rencontrée. Mais pour inclure la diversité, quelle qu'elle soit, c'est du travail. Les barrières exprimées par des jugements et des racismes sont bien réels.

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