lundi 2 mai 2011

8/1/11 Complexités et questions face aux "Native Americans"

N.B. préalable : les américains noirs sont nommés « African Americans", les indiens sont nommés «Native Americans » … il y a les « mexicains et hispaniques » les "asiatiques". Existe t'il  un nom pour les blancs américains ou sont-ils "Les" Américains ?


Grand Canyon, Lac Powell et cette nuit Cameron, un « relais de poste »

Nous venons de passer trois jours dans l'immense réserve des Navajo (Diné, comme ils s'appellent).
Suite à ce que nous avions déjà entrevu de la présence des "indiens" dès Santa Fe, à Taos, Albuquerque, Tucson, Phoenix, Sedona, ils sont là, omniprésents, dans les galeries et parfois comme à Santa Fe sur la Plaza, sous les voutes, assis par terre et étalant devant eux leurs « œuvres »: bijoux, poteries, vanneries, tapis, couvertures, dream catcher et autres.


 Nous nous posons de nombreuses questions : là nous sommes chez eux: un territoire pour eux. Pourquoi un territoire pour eux? ne sont-ils pas chez eux, partout? Certes, ils le sont, mais elle est "remarquable"! cette différence.


Questions sur leur histoire : pour résumer en grand trait leur trajectoire telle que je la comprends.

  • Avant l’arrivée des « européens » de nombreuses tribus avec chacune leur langue et leur coutume coexistaient et plutôt dans des états belliqueux. (à vérifier, mais c’est ce qui se dit !)(mythe du bon sauvage ?)
  • Puis il y eut l’arrivée des Européens Les français et  anglais venaient de l’Est, ils exploraient et voulaient conquérir.  Et les européens Espagnols qui dès le 17ème montaient du Mexique également à la recherche de l’Or et du reste. Chacun utilisait des tribus différentes et les manipulait pour s’agresser par peuplades interposées. Rien de nouveau sous le soleil.
  • Après la guerre de Sécession au milieu du19ème, il y eut des expéditions militaires de massacres, puis des conduites dans des camps (de concentration ?), à marche forcée, cela en tua beaucoup d’autres. Rien de nouveau sous le soleil.
  • Enfin des réserves définitives leur ont été accordées et fin 19ème retour sur ces/leurs terres.

Comment vit-on dans les tripes une histoire pareille ? très fréquente à travers le monde, avec l’Afrique, et l’Australie et même l’Alsace  ou le peuple juif. Fait-on de son passé une justification pour tout se permettre ou passe-t-on à autre chose ? En ce qui concerne les "Native Americans",  je ne ressens pas  cette acrimonie vis avis du passé:  ils semblent, je dis bien, il semble qu’ils soient en train de mener leur vie maintenant.

Leur vie, maintenant?
Qu’est devenue leur « élégance » ? cette majesté « indienne » ? Tous ceux et je dis bien tous, que nous avons croisés sont en jeen, basquets, casquettes, souvent et la plupart gras pour ne pas dire obèses. Où est cette fierté, cette grandeur que l’on attribuait à leurs ancêtres ? où est ce sens des couleurs et des habillements?  Par comparaison, certains texans avec leurs bottes, jeens, chemises, bolo tyes (cravates) et chapeaux, tout de noir vêtus et pas gras, sont extrémement élégants.
Qu’est devenu leur style de vie ? ils vivent dans de vieilles demeures sur roues des américains, vraisemblablement rachetées et rafistolées et dispersées dans la campagne, dans ces sites arides et superbes, avec souvent de nombreuses voitures autour sans compter les cadavres de voitures; certes, parfois du moins chez les navajos, à côté de ces demeures faites de bric et de broc se trouve encore ce lieu rond «Hogan » de cérémonie.



Comment vivent-ils leur état de « Native Americans » d’autant m’a t on dit qu’ils ne sont plus que 2% de la population. Certes ils ont des réserves et des droits avec les casinos, comme si "Les" américains coupables du passé, leur avait octroyé des droits et avantages spécifiques.  Pour se racheter ? se faire pardonner ?
Comment vivent-ils cette culpabilité pas clarifiée que les américains blancs ont en face d’eux ? de cette histoire de manipulation, d’extermination, d’aculturation forcée ?
Que sont devenus leurs langues?  les navajos que j’ai interrogés, ceux nés dans les années 70, comprennent encore et peuvent un peu parler, les jeunes nés en 90 ne parlent plus le Navajo. Cette jeune interrogée en est triste, car elle ne peut communiquer avec ses grands parents. Pourtant dit-elle, les jeunes ne veulent plus faire cet effort, la télé et Internet deviennent leur culture. L'école propose (impose?) des cours de Navajo: quand j’en parlais, ils faisaient la moue. Sauf alors comme les Hopis ou certains poeblos comme à Taos qui s’isolent dans des endroits d’où d’ailleurs les blancs sont "exclus". On les visite comme dans un zoo, et ils font payer !
Aculturation forcée avec début des années 1900 et dans la suite, obligation d’aller à l’école et de parler américain; punis lorsque l’on parlait la langue des parents. Mais pas la peine d’aller ici ou en Afrique pour avoir vécu cela : quand j’étais jeune, en Alsace à l’école nous allions « au coin » quand nous parlions l’alsacien, pourtant c'était la langue que nous parlions à la maison et exclusivement avec les grands parents.  J’avais la chance d’être bon à l’école et je n’étais pas trop puni, mon frère moins brillant (c’est lui qui le dit!) m’a fait remarquer qu’il était souvent puni ! toujours la même démarche dans le monde de l’aculturation forcée, par celui qui a « gagné ». Pourtant comment faire différemment ? Et contradiction: aujourd’hui aux US il n’y a pas de langue « officielle », « mandatory » "'obligatoire" comme m’a confié cette américaine;  chacun maintenant peut continuer dans sa langue, bp de mexicains ne parlent que espagnols, de même pour certains chinois. Pourtant ils sont citoyens !

Alors que sont devenus les amérindiens d’origine ? que se passe –t-il quand un peuple perd ses racines avec ses profondes origines et les valeurs, mythes et rites qui les sous-tendent. Notre ressenti avec Lucie, c’est que la "laideur" s’installe.
L’exploitation de cette culture pour des « touristes » avec des visites guidées et tous les colifichets vendues le long des routes dans ces bicoques toutes tordues.




Certaines traditions existent pourtant, mais là il faut chercher : je me suis procuré les textes mis par écrit et maintenant enregistrés de leur création du monde : passionnant ; j’ai eu l’occasion de participer à une vraie cérémonie shaman, pas pour touriste, une autre façon d’aborder la santé et la maladie, j’ai vu certains danseurs et certains joueurs de flute réellement vibrer de la vie. Et là j’ai senti une approche de la multiplicité des formes de la Vie.

Que de questions et uniquement des questions, complexes et contradictoires. Questions et curiosités qui nous emmèneront à approfondir, lors de nos pérégrinations à venir.

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